mercredi 29 février 2012

Secrétaires si particulières



Lorsque vous devez aller à l’assaut de l’Administration de ce pays pour le moindre petit bobo, vous en prenez déjà un sacré coup au moral avant d'avoir quitté votre place. Tout monde ne le sait que trop. Pour obtenir le moindre papier d’un quelconque service, il faut «motiver», entendez par là, débourser 500UM pour le prix du timbre fiscal qui vaut 200UM quand vous avez eu la malchance de perdre votre pièce d’identité. En fait, elle est tellement minuscule qu’on ne sait pas trop où la ranger et il faut sans cesse la dupliquer.

Là, ça passe tant que c’est le blé qui parle. C’est lorsque vous devez rencontrer un haut fonctionnaire pour la raison que vous voulez que les choses se gâtent. Ici, vous devez passer au crible des secrétaires.


 Celles là ! Elles ont toute une batterie de subterfuges pour entamer le moral des demandeurs d’audience les plus teigneux. Cela commence par un casting en règle. Dès que vous avez pointé votre tronche dans le secrétariat, elles vous fusillent du regard et vous jaugent. En un coup d’un coup d’œil, c’est plié. Ou vous avez tapé dans son œil, dans ce cas, votre requête est sollicitée, étudiée et traitée dans la minute ou bien, votre entrée en scène a été un cuisant fiasco et dans ce cas, l’attitude la plus probable est que la maîtresse des lieux vous joue le coup de la myope et, vous êtes tout simplement transparent ! 


Alors, ceux qui ont lu les préceptes du parfait yogi font montre d’esprit. Ils ont vite fait d’établir une connexion spirituelle en dissertant sur tout et de préférence sur les thèmes fouettant l’ego de ces dames qui ne tarderont pas craquer.Ça y est, c’est dans la poche !

 D’autres, plus sanguins, libéreront toutes leurs frustrations sur place et intenteront un procès bruyant et sans concession à l’Administration. Comme ce fut le cas la semaine dernière dans le cabinet du Directeur du Matériel. Un citoyen certainement frustré de se voir ballotté d’un service à un autre s’est véritablement lâché en déversant un chapelet de noms d’oiseaux à l’endroit de tous ceux qui bossent dans le circuit administratif, bloquent l’entrée des bureaux des hauts cadres et jettent dans les tiroirs les dossiers des petites gens.
 Pour contourner cette muraille, les citoyens ont depuis trouvé une parade parfaitement au point. Il s’agit tout simplement de se mettre sur son 31 !  Oui, la sape, rien que ça pour faire impression. Tout le monde s’est passé le mot : si vous voulez rencontrer un Secrétaire Général ou son boss, habillez-vous du boubou bazin le plus flamboyant que vous aurez emprunté au blanchisseur moyennant ristourne, aspergez-vous de quelques gouttes d’un de ces parfums capiteux dont les Français ont le secret, mettez-vous aux pieds, des chaussures italiennes de pur cuir, celles qui refilent la migraine si  l’on a  le culot de demander le prix au Marché de la Capitale. Enfin, ça c’est pour ceux qui vivent de budgets fermés. Pour finir, munissez-vous du téléphone portable dernier cri de la série haut de gamme et priez pour qu’il sonne à côté du planton. Et le tour est joué !
 Le phénomène s’est tellement  répandu que la Direction du Budget vers où convergent chaque matin une horde de personnes aux attentes les plus surprenantes ressemble de plus en plus à une piste de défilé de mode.
 Dans les couloirs des ministères, il vous arrive souvent de pouffer de rire en croisant une vielle connaissance d’infortune vêtue d’un costard digne d'Omar Bongo ! Et les pompes, je ne vous dis pas !
 Bien sûr, il fera mine de ne pas vous connaître.


Mais, que voulez-vous ? C’est la carte qu’il  faut abattre. C’est à qui aura gagné la palme de la séduction. Si tout cela n’est pas atterrant….  


                                                                                                              Biri NDiaye
                                                                                                              03/12/2008
                                                                                                             http://birindiaye.blogspot.com/

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