samedi 25 février 2012

La bonne leçon


L’autre soir, il m’a été donné d’assister à une image assez singulière qui mérite à mon sens  d’être soulignée. J’étais assis devant la boutique d’une proche quand j’aperçois venir en se tenant la main  un couple. Jusque là, rien de plus banal me diriez-vous ; sauf que le couple en question était  bicolore. Il s’agissait d’un jeune homme qui devait avoir une trentaine d’année et la femme, ne devait pas avoir plus de 23 berges.
Pour le commun des mortels, l’homme est de couleur noire, tandis que la femme est répertoriée dans la liste des personnes à peau blanche.
Avant de revenir sur ce couple, amusons-nous un peu  autour de cette dichotomie : peau blanche/peau noire. Mais pourquoi tout le monde s’est mis d’accord pour dire que le Noir a la peau noire ? En fait, lorsqu’on observe cet épiderme, l’on se rend compte qu’il est gris, basané ou marron selon les individus.
Quand à la peau dite blanche que certains vont jusqu’à l’identifier au lait, là aussi, le parallélisme est fantaisiste. Ces personnes ont plutôt un épiderme rose. La question est de savoir pourquoi on a hérité de ces vocables erronés. Les ethnologues s et sociologues sauront mieux élucider cette liberté prise entre un signe linguistique et son référent.
Revenons à notre couple qui s’est  arrêté pendant quelques minutes sur la terrasse de la boutique. Inutile de vous que  dire que des regards incrédules fusaient de partout. Des passants se retournaient, des automobilistes négligeaient le volant pour les observer. Et eux, étaient tous simplement superbes !
Cette scène assez insolite nous renvoie à la figure le recul du métissage dans notre pays. Et pourtant, ce pays a connu un brassage ethnique formidable à l’aube des indépendances. Dans les années  60 et 70, on comptait beaucoup de couples mixtes, dans les grandes agglomérations du pays.
 Qui parmi nous n’a pas joué avec un garçon dont le père est halpular de Boghé et la mère, d’une arabe du grand Adrar ? De la même manière,  l’on voyait avec la plus grande banalité une fillette vêtue d’une camisole identique à celles portées par les filles du quartier Gattaga de Kaédi, le teint rose à souhait porter des tresses et s’exprimer  dans un soninké parfait. 
Je me permettrais d’évoquer ici la mémoire de la mère d’un de mes amis métis. Cette excellente femme mauresque était ce qu’on peut appeler une maman poule. A l’époque, nous n’étions que des  gamins allant sur les huit neuf ans. Nous aimions aller passer la journée dans cette famille. Nous savions que le père  allait au travail pendant toute la journée. Cette femme d’une grande indulgence nous cuisinait des plats. Il faut le dire aussi, elle nous a permis de fumer nos premières cigarettes.  En ces temps, tirer sur une cigarette à 10 ans, équivaut de nos jours à être surpris, un joint de cannabis à la main, encore que...
Dans ce pays, des exemples de couples de deux races étaient multipliés à l’infini. C’est seulement au cours de ces vingt dernières années que l’on a observé une raréfaction des couples mixtes. Les communautés se sont mises à faire attention à leur différence génétique, et à creuser un fossé entre les uns et les autres.  Ceci à tel point que lorsque  deux amis Mauritaniens de races différentes se retrouvent pour deviser le plus naturellement autour d’un thé,  comme le feraient deux vieux potes quelque part sur cette terre, les gens se retournent pour les observer.
Quand deux amis de ce même profil s’étreignent dans une franche accolade, il se trouvera toujours des gens pour les regarder comme des bêtes curieuses. Et ça, c’est laid !
 Ce que certains ignorent, c’est qu’il existe très souvent des liens si forts entre un maure de Mederdra et un vis-à-vis natif  de Djéol qu’on ne trouvera pas entre personnes de même   communauté d’origine.
C’est pour cela que l’image de ce couple m’a conquise. Je le suis d’autant qu’ils sont jeunes, beaux et renvoient un formidable message de cohésion.  Qu’ils continuent de provoquer des regards interloqués. Et s’ils avaient trouvé la solution ! 
En tout cas dans cette histoire, comme disent nos amis ivoiriens : les jaloux vont maigrir.
                                                                                                                           
                                                                                                           




                                                                      http://birindiaye.blogspot.com/ Biri NDiaye

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