A
Nouakchott, plusieurs animaux domestiques partagent notre vie de citadins. De
par la place qu’ils occupent dans notre société, ils ne sont bien évidemment
pas tous logés à la même enseigne. En tout cas, une chose est certaine
: ils ont tous leur utilité et ne serait-ce que pour cela, ils méritent qu’on
les traite avec un brin d’humanité. Aussi, sur la liste des animaux qui
auraient bien aimé émigrer vers des horizons plus cléments, un vient en pole
position.
Il répond au signalement suivant :
quadrupède court sur pattes à robe grise ou baie, sa tête légèrement
volumineuse rappelle celle d’un cousin à la noblesse plus affirmée à la
différence des oreilles que notre bête a en plus grand. Il est plutôt de
nature placide même si les mauvaises langues dénigrent son entêtement. Signe
particulier : il lui arrive de s’exprimer bruyamment, quand on s’y
attend le moins et de préférence, la nuit, quand la terre est froide. Il est,
et c’est l’image la plus courante, la bête que l’on voit et, c’est
affligeant, croulant sous les poids astronomiques qu’on lui met sur l’échine.
Si vous ne voyez toujours pas, allez ! J’ai nommé l’âne. Oui, cette
bête que l’on rencontre à chaque coin de rue dans notre belle capitale. Mais,
le baudet est en maltraitance sous nos cieux. Devant cette situation si
révoltante, l’on est en colère sans réserve à l’endroit des personnes qui
exploitent ces pauvres bêtes. En effet, il est difficile de soutenir le
spectacle des ânes ahanant, soufflant, avançant en tirant des dizaines de
paquets de fer que la caisse d’un camion pourrait contenir. L’on demeure tout
autant ému lorsque l’on assiste au spectacle de l’oreillard, debout au milieu
de la rue, perdu devant les files de voitures, les narines dilatées sous
l’effort d’innombrables colis de marchandises qu’un commerçant radin n’a pas
eu le cœur d’embarquer dans un véhicule. Et comme si cela ne suffisait pas,
il doit aussi assurer le transport de son maître. Ce dernier, sans la moindre
scrupule, prend place sur la charrette que tire l’animal et ne se prive pas
de le rouer de coups pour le faire avancer. Et les jurons ! C’est connu : un
charretier, ça jure, mais, avez-vous vu comment jurent ceux de
Nouakchott ? Ce sont sans conteste les meilleurs dans l’art de proférer des
perles d’insanités. Ils maudissent les pauvres bêtes avec un tel acharnement
qu’il arrive parfois que l’on se retourne croyant être leur cible. S’ils ne
s’en tenaient qu’à cela ? En définitive, le sort des ânes à Nouakchott mérite
qu’on en parle. C’est sûr qu’un âne n’est rien moins qu’un animal et qu’il
est un bien, mais c’est avant tout un être vivant, par conséquent, il doit
être traité avec humanité. L’on peut faire travailler un animal en lui
assignant un rythme convenable, en lui donnant une alimentation proportionnelle
aux tâches qu’il exécute, en lui allouant un temps de repos nécessaire à la
récupération. Ce qui est loin du cas de nos baudets nationaux qui ne sont
épargnés que la nuit et même cela, c’est avec les pattes entravées
mâchouillant du papier cellophane. Il sera loin le jour où nos ânes seront
déchargés de leurs bâts mais pour l’heure faisons en sorte de limiter leur
calvaire en réglementant les poids de charge. C’est tout sauf de l’utopie.
Biri N’diaye |
biri ndiaye et vous
dimanche 25 mars 2012
Moi, âne à Nouakchott
mardi 13 mars 2012
Erin
Hier, 12 mars, j'ai reçu la visite d'Erin Pettigrew, une excellente amie Américaine que l'ai connue il y a 9 ans lorsqu'elle faisait son service de Volontaire du Corps de la Paix à Kaedi. C’est une personne attachante, pleine d'esprit et d'une très bonne moralité. A chaque fois qu'elle est de passage à Nouakchott, elle ne manque pas de venir me visiter. Nous avons passé de très bons moments avec ma famille. Nous avons déjeuné ensemble avec ma famille, bien sûr, l'essentiel de nos discussions revenaient sur les moments forts passés au Peace Corps, sur nos amis communs, mais aussi sur des sujets historiques de plusieurs genre. Avec Erin, je ne me lasse pas de discuter et ça me fait du bien d'échanger avec quelqu’un d'aussi humble et correcte.
mardi 6 mars 2012
Abattus à bout portant
Ces dernières 48 heures, il se passe des scènes
difficilement soutenables dans certains quartiers de Nouakchott. Il s’agit de
l’abatage sauvage de chiens errants. Les
services vétérinaires nous avaient habitués à des campagnes d’éradication de
chiens et de chats errants par le passé. Tant qu’ils procédaient à
l’empoisonnement des bêtes, ça passait, quant on sait que des meutes de chiens
sans maîtres écumaient certains quartiers de la ville. L’on sait aussi que ces
animaux s’attaquaient fréquemment aux enfants et aux marcheurs solitaires ; sans compter
qu’ils sont des vecteurs de la rage. Ce qui est blâmable pour la présente
campagne, c’est le procédé. En effet, imaginez
un minicar avec à son bord un élément de la Garde Nationale armé d’un
fusil. Deux hommes gantés marchent derrière le véhicule. Lorsqu’un chien est en
vue, le soldat descend de la voiture,
arme son fusil et abat la bête sous les cris des enfants. Quelques secondes plus tard, les deux hommes
qui suivent à pied se saisissent du
cadavre encore chaud du chien et le jettent dans le minicar. L’image du chien abattu
à bout portant par des balles est
choquante. C’est regrettable d’assister
à ces pratiques d’un autre âge.
Biri NDiaye http://birindiaye.blogspot.com/
mercredi 29 février 2012
Secrétaires si particulières
Lorsque vous devez aller à l’assaut de l’Administration de ce
pays pour le moindre petit bobo, vous en prenez déjà un sacré coup au moral
avant d'avoir quitté votre place. Tout monde ne le sait que trop. Pour obtenir le moindre
papier d’un quelconque service, il faut «motiver», entendez par là, débourser
500UM pour le prix du timbre fiscal qui vaut 200UM quand vous avez eu la
malchance de perdre votre pièce d’identité. En fait, elle est tellement minuscule qu’on ne sait
pas trop où la ranger et il faut sans cesse la dupliquer.
Là, ça passe tant que
c’est le blé qui parle. C’est lorsque vous devez rencontrer un haut
fonctionnaire pour la raison que vous voulez que les choses se gâtent. Ici,
vous devez passer au crible des secrétaires.
Celles là ! Elles ont toute une batterie de subterfuges pour entamer le moral des demandeurs d’audience les plus teigneux. Cela commence par un casting en règle. Dès que vous avez pointé votre tronche dans le secrétariat, elles vous fusillent du regard et vous jaugent. En un coup d’un coup d’œil, c’est plié. Ou vous avez tapé dans son œil, dans ce cas, votre requête est sollicitée, étudiée et traitée dans la minute ou bien, votre entrée en scène a été un cuisant fiasco et dans ce cas, l’attitude la plus probable est que la maîtresse des lieux vous joue le coup de la myope et, vous êtes tout simplement transparent ! Alors, ceux qui ont lu les préceptes du parfait yogi font montre d’esprit. Ils ont vite fait d’établir une connexion spirituelle en dissertant sur tout et de préférence sur les thèmes fouettant l’ego de ces dames qui ne tarderont pas craquer.
D’autres, plus sanguins, libéreront toutes leurs frustrations sur
place et intenteront un procès bruyant et sans concession à l’Administration.
Comme ce fut le cas la semaine dernière dans le cabinet du Directeur du
Matériel. Un citoyen certainement frustré de se voir ballotté d’un service
à un autre s’est véritablement lâché en déversant un chapelet de noms
d’oiseaux à l’endroit de tous ceux qui bossent dans le circuit
administratif, bloquent l’entrée des bureaux des hauts cadres et
jettent dans les tiroirs les dossiers des petites gens.
Pour contourner cette muraille, les citoyens
ont depuis trouvé une parade parfaitement au point. Il s’agit tout simplement
de se mettre sur son 31 ! Oui, la sape, rien que ça pour faire
impression. Tout le monde s’est passé le mot : si vous voulez rencontrer un
Secrétaire Général ou son boss, habillez-vous du boubou bazin le plus
flamboyant que vous aurez emprunté au blanchisseur moyennant ristourne,
aspergez-vous de quelques gouttes d’un de ces parfums capiteux dont les
Français ont le secret, mettez-vous aux pieds, des chaussures italiennes de
pur cuir, celles qui refilent la migraine si l’on a le culot de
demander le prix au Marché de la Capitale. Enfin, ça c’est pour ceux qui vivent de
budgets fermés. Pour finir, munissez-vous du téléphone portable dernier cri
de la série haut de gamme et priez pour qu’il sonne à côté du planton. Et le
tour est joué !
Le phénomène s’est tellement répandu
que la Direction du Budget vers où convergent chaque matin une horde de
personnes aux attentes les plus surprenantes ressemble de plus en plus à une
piste de défilé de mode.
Dans les couloirs des ministères, il vous
arrive souvent de pouffer de rire en croisant une vielle connaissance
d’infortune vêtue d’un costard digne d'Omar Bongo ! Et les pompes, je ne vous dis pas
!
Bien sûr, il fera mine de ne pas vous connaître. Mais, que voulez-vous ? C’est la carte qu’il faut abattre. C’est à qui aura gagné la palme de la séduction. Si tout cela n’est pas atterrant…. Biri NDiaye |
samedi 25 février 2012
La bonne leçon
L’autre soir, il m’a été donné
d’assister à une image assez singulière qui mérite à mon sens d’être soulignée. J’étais assis devant la
boutique d’une proche quand j’aperçois venir en se tenant la main un couple. Jusque là, rien de plus banal me
diriez-vous ; sauf que le couple en question était bicolore. Il s’agissait d’un jeune homme qui devait
avoir une trentaine d’année et la femme, ne devait pas avoir plus de 23 berges.
Pour le
commun des mortels, l’homme est de couleur noire, tandis que la femme est
répertoriée dans la liste des personnes à peau blanche.
Avant de
revenir sur ce couple, amusons-nous un peu autour de cette dichotomie : peau
blanche/peau noire. Mais pourquoi tout le monde s’est mis d’accord pour dire
que le Noir a la peau noire ? En fait, lorsqu’on observe cet épiderme, l’on
se rend compte qu’il est gris, basané ou marron selon les individus.
Quand
à la peau dite blanche que certains vont jusqu’à l’identifier au lait, là
aussi, le parallélisme est fantaisiste. Ces personnes ont plutôt un épiderme
rose. La question est de savoir pourquoi on a hérité de ces vocables erronés.
Les ethnologues s et sociologues sauront mieux élucider cette liberté prise
entre un signe linguistique et son référent.
Revenons à notre
couple qui s’est arrêté pendant quelques
minutes sur la terrasse de la boutique. Inutile de vous que dire que des regards incrédules fusaient de
partout. Des passants se retournaient, des automobilistes négligeaient le
volant pour les observer. Et eux, étaient tous simplement superbes !
Cette scène
assez insolite nous renvoie à la figure le recul du métissage dans notre pays.
Et pourtant, ce pays a connu un brassage ethnique formidable à l’aube des
indépendances. Dans les années 60 et 70,
on comptait beaucoup de couples mixtes, dans les grandes agglomérations du
pays.
Qui parmi nous n’a pas joué avec un garçon
dont le père est halpular de Boghé et la mère, d’une arabe du grand Adrar ?
De la même manière, l’on voyait avec la
plus grande banalité une fillette vêtue d’une camisole identique à celles
portées par les filles du quartier Gattaga de Kaédi, le teint rose à souhait
porter des tresses et s’exprimer dans un
soninké parfait.
Je me permettrais
d’évoquer ici la mémoire de la mère d’un de mes amis métis. Cette excellente
femme mauresque était ce qu’on peut appeler une maman poule. A l’époque, nous
n’étions que des gamins allant sur les
huit neuf ans. Nous aimions aller passer la journée dans cette famille. Nous
savions que le père allait au travail
pendant toute la journée. Cette femme d’une grande indulgence nous cuisinait
des plats. Il faut le dire aussi, elle nous a permis de fumer nos premières
cigarettes. En ces temps, tirer sur une
cigarette à 10 ans, équivaut de nos jours à être surpris, un joint de cannabis
à la main, encore que...
Dans ce
pays, des exemples de couples de deux races étaient multipliés à l’infini.
C’est seulement au cours de ces vingt dernières années que l’on a observé une
raréfaction des couples mixtes. Les communautés se sont mises à faire attention
à leur différence génétique, et à creuser un fossé entre les uns et les autres.
Ceci à tel point que lorsque deux amis Mauritaniens de races différentes se
retrouvent pour deviser le plus naturellement autour d’un thé, comme le feraient deux vieux potes quelque
part sur cette terre, les gens se retournent pour les observer.
Quand deux
amis de ce même profil s’étreignent dans une franche accolade, il se trouvera
toujours des gens pour les regarder comme des bêtes curieuses. Et ça, c’est
laid !
Ce que certains ignorent, c’est qu’il existe très
souvent des liens si forts entre un maure de Mederdra et un vis-à-vis natif de Djéol qu’on ne trouvera pas entre personnes
de même communauté d’origine.
C’est pour
cela que l’image de ce couple m’a conquise. Je le suis d’autant qu’ils sont jeunes,
beaux et renvoient un formidable message de cohésion. Qu’ils continuent de provoquer des regards
interloqués. Et s’ils avaient trouvé la solution !
En tout cas
dans cette histoire, comme disent nos amis ivoiriens : les jaloux vont
maigrir.
samedi 18 février 2012
Aimé Cesaire
Aimé Césaire: Si loin et
si proche
|
Aimé Césaire, le dernier des trois pères
fondateurs et principaux animateurs du mouvement d’émancipation et ardent
défenseur de l’homme noir, a tiré sa révérence le jeudi 17 avril 2008.
A 94 ans, celui par qui le mot négritude doit
la vie un jour de l’an 1939, s’en est allé après près d’un siècle d’une vie
dont la richesse n’a d’égale que la dimension de l’homme.
Le grand théâtre qu’est la vie voit venir au
monde des hommes aux destins divers. Il en est qui naissent, jouent leur
partition et disparaissent dans le plus grand anonymat c’est le cas de
l’écrasante majorité des mortels. D’autres arrivent avec une cuillère en or
dans la bouche, ils sont eux, « programmés » pour accomplir de
grandes actions. Toutes les conditions sont mises à leur profit pour l’aboutissement
de leurs « missions ». Mais, il y’en a aussi qui, bien que venus au
monde dans la modestie la plus primaire, n’en parviennent pas moins à forcer
le destin à imprimer à leur vie un sceau particulier. Ceux là sont rares.
L’Histoire humaine en a connu. Aimé Césaire,
homme de lettres et homme politique martiniquais fait incontestablement
partie de ces grands hommes. En effet, seule la volonté de ce fils de petit
fonctionnaire l’a amenée à sortir de l’ornière. Né en 1913 à Basse Pointe en
Martinique, il a toujours été un brillant élève. C’est ce qui lui a valu
d’obtenir une bourse pour la métropole qu’il gagne en 1931 pour poursuivre
ses études. Cette époque constituant une phase charnière du bouillonnement
culturel de la jeunesse noire au Quartier latin. C’est tout naturellement
qu’il rencontra à Paris la crème de l’intelligentsia noire. En 1934, au lycée
Louis le Grand, il fait la rencontre du sénégalais Léopold Sédar Senghor,
Léon Gontran Damas, le guyanais. Les trois jeunes hommes fondent le journal
l’Etudiant noir dont ils sont les principaux animateurs. D’autres jeunes
intellectuels de la diaspora noire participent également aux publications du
journal qui est devenu en quelques temps la caisse de résonance de tous les
militants de la lutte pour les indépendances et l’éveil de la conscience
noire. Les sénégalais Birago Diop, auteur des truculents Contes d’Amadou
Coumba et Ousmane Socé, le père du non moins célèbre roman Karim, ont eux
aussi participé à la diffusion de cet outil ô combien décisif à
l’époque. L’esprit de la revue était également de pousser les jeunes cerveaux
africains au refus de l’assimilation et à l’émancipation à l’endroit de la
culture occidentale traditionnelle ou moderne.
Et le concept de négritude fut C’est dans cette perspective qu’est né le concept de négritude, néologisme que Césaire a inventé et qui aura une entrée en tant que mot de la langue française dans les dictionnaires et qu’il définit par ces mots : « la négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir et l’acceptation de ce fait, de notre destin de Noir, de notre histoire, de notre culture. » Ce terme à consonance très péjorative a été revendiqué et imposé par ces précurseurs. Ils en ont fait l’emblème que toute la classe noire opprimée et déracinée arbore désormais sans le moindre complexe. 1939 constitue une étape importante dans la vie de Césaire qui publie un long poème intitulé Cahier d’un retour au pays natal, méditation à la fois lyrique et engagée où, à partir de son expérience personnelle faite de déchirement est fortement influencée par les théories surréalistes. Toutefois, cette position glissera progressivement du ton mesuré qu’on lui connaissait vers un discours de révolte qui voit déjà se dessiner la dimension de l’homme politique qu’il sera .Aimé Césaire élu maire de Fort-de-France et député de la Martinique se fait en effet le porte-parole de la revendication d’indépendance. La littérature au service de la politique En 1955, la parution du pamphlet Discours sur le colonialisme dont le ton est radicalement indépendant marque l’engagement politique de l’homme qui commence par adhérer au Parti communiste français qu’il quittera par la suite. La suite de ses productions littéraires continue à être prolixe. C’est ainsi qu’après avoir touché un peu au roman historique avec Toussaint Louverture, figure emblématique de la lutte d’indépendance noire et fondatrice de Haïti, la première république noire, Césaire, comme si le lyrisme l’enfermait dans des carcans, s’essaye au théâtre avec La tragédie du roi Christophe où il met en action les thèmes poétiques de la révolte et de la négritude confrontée aux dérives du pouvoir. Aimé Césaire est donc à la fois cet homme si proche et si lointain. La longévité qu’il a eue en commun avec son aîné Senghor et le long compagnonnage que tous deux ont eu avec le vingtième siècle n’ont altéré en rien sa lucidité et sa détermination demeurées intactes jusqu’à ses dernières heures, en témoigne le clash qu’il a provoqué en 2005 quand il a refusé de recevoir un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur qui voulait faire accepter le caractère positif de la colonisation. Ce n’est que quand ce dernier est revenu sur sa position que le patriarche, maire honoraire de Fort-de-France s’est résolu à le laisser trôner à ses côtés. Ce même Sarkozy en prince magnanime a dès qu’il a appris le décès du poète, décidé de lui organiser des obsèques nationales. D’autres voix se lèvent aussi pour réclamer l’inhumation du grand homme au Panthéon pour couronner et magnifier la dimension exceptionnelle qu’il incarnait. Ce serait une première pour un homme Noir. Mais, encore une fois, le destin se laissera-il influencer ? Pas sûr qu’il l’eût apprécié. Lui qui a toujours refusé les honneurs.
Biri NDiaye
20/04/2008
|
vendredi 17 février 2012
Kaedi by night
Il ne fait pas bon de débarquer à Kaedi ces
temps ci par une nuit sans lune. Ca l’est autant pour les étrangers que pour
les natifs de la cité. Il faut reconnaître que la ville est mal éclairée. On
entre à Kaedi par tous les côtés mais ce sont les voyageurs
provenant nuitamment de Nouakchott qui ressentent le plus
cette opacité. Ceci vient du fait que les venants de Nouakchott arrivent
avec les lumières de la capitale plein les yeux
Il n’est pas fréquent
d’entendre de la bouche d’un voyageur : « Qu’est ce que c’est sombre
ici ! Les kaediens sont les oubliés de la Mauritanie.» Cette
remarque aussi laconique soit elle traduit tout le dépit des ressortissants de
la 4eme wilaya. Il faut dire que cette situation n’est qu’une partie des
difficultés rencontrées ici..
Pour la petite histoire il faut savoir que Kaedi fait partie des toutes premières villes mauritaniennes à être dotée d’un réseau électrique. La preuve est que les jeunes ressortissants de Kaedi prenaient un plaisir évident à se moquer des fils des localités voisines que sont le Guidimakha ou le Brakna. En général, la boutade que l’on sortait était : «Nous autres kaediens sommes nés et avons vu sur nos têtes des ampoules électriques, nous sommes nés sous le jet continu des robinets»
Pour la petite histoire il faut savoir que Kaedi fait partie des toutes premières villes mauritaniennes à être dotée d’un réseau électrique. La preuve est que les jeunes ressortissants de Kaedi prenaient un plaisir évident à se moquer des fils des localités voisines que sont le Guidimakha ou le Brakna. En général, la boutade que l’on sortait était : «Nous autres kaediens sommes nés et avons vu sur nos têtes des ampoules électriques, nous sommes nés sous le jet continu des robinets»
Ces remarques distillées
avec une pointe d’ ironie avaient le dont de monter les élèves des autres localités contre les kaediens dans les discussions
passionnées des dortoirs et des réfectoires du lycée de Kaedi pendant
les beaux jours de l’internat
Si cette situation faisait la fierté des kaediens, il faut noter que tout cela ne fait plus que l’effet de vieux souvenirs. Finis ces temps bénis où toutes les rues principales de la ville étaient illuminées dès que l’astre solaire commençait à amorcer sa descente vers le couchant. En ces temps, les lampadaires disposés dans toute la ville avaient le mérite d’éclairer le chemin du promeneur noctambule, d’encourager les poltrons à emprunter les chemins obscurs. Ces ruelles qui selon les croyances populaires, étaient les repaires des djinns et lutins malicieux.
Les mêmes lampadaires avaient également le rôle d’éclairer la lecture des étudiants en Islam qui, faute d’électricité chez le maître, la nuit, se constituaient en groupes de trois ou quatre personnes et se mettaient à psalmodier des versets du Saint Coran jusque tard dans la nuit.
En revanche, l’éclairage public ne faisait pas que des heureux. Il existait des concessions au dessus desquelles la lampe publique s’allumait toute la soirée et indisposait toute la maison en les soumettant sous les faisceaux lumineux toute la soirée. Dans ces cas précis, des enfants se chargeaient à l’aide de lances pierres de crever les ampoules.
Pour ceux qui étaient victimes des cantharides, insectes nocturnes qui, attirés par la lumière laissent sur le corps des brûlures parfois très spectaculaires, les lampadaires constituaient un supplice. Dans tous les cas, ces désagréments ne sont rien à côté de l’image ténébreuse que donne Kaedi actuellement. Ceci est d’autant plus vrai que la ville ne cesse de s’étendre et c’est une extension qui laisse en rade des soucis de sécurité.
En effet, depuis quelques années, des cas de braquages et de vols se sont multipliés à Kaedi pendant la saison des grandes chaleurs. Les habitants ont l’habitude de dormir dehors et les filous n’ont qu’à se faufiler dans l’obscurité pour dérober des biens. Il est grand temps que l’on se réveille et que l’on décide de mettre sur pied une réelle stratégie de développement des villes de l’intérieur. On peut comprendre que l’on soit réticent à électrifier des habitats ruraux même si cela paraît arbitraire, mais qu’est ce que cela coûte de réhabiliter un réseau déjà existant depuis des lustres ?
Si cette situation faisait la fierté des kaediens, il faut noter que tout cela ne fait plus que l’effet de vieux souvenirs. Finis ces temps bénis où toutes les rues principales de la ville étaient illuminées dès que l’astre solaire commençait à amorcer sa descente vers le couchant. En ces temps, les lampadaires disposés dans toute la ville avaient le mérite d’éclairer le chemin du promeneur noctambule, d’encourager les poltrons à emprunter les chemins obscurs. Ces ruelles qui selon les croyances populaires, étaient les repaires des djinns et lutins malicieux.
Les mêmes lampadaires avaient également le rôle d’éclairer la lecture des étudiants en Islam qui, faute d’électricité chez le maître, la nuit, se constituaient en groupes de trois ou quatre personnes et se mettaient à psalmodier des versets du Saint Coran jusque tard dans la nuit.
En revanche, l’éclairage public ne faisait pas que des heureux. Il existait des concessions au dessus desquelles la lampe publique s’allumait toute la soirée et indisposait toute la maison en les soumettant sous les faisceaux lumineux toute la soirée. Dans ces cas précis, des enfants se chargeaient à l’aide de lances pierres de crever les ampoules.
Pour ceux qui étaient victimes des cantharides, insectes nocturnes qui, attirés par la lumière laissent sur le corps des brûlures parfois très spectaculaires, les lampadaires constituaient un supplice. Dans tous les cas, ces désagréments ne sont rien à côté de l’image ténébreuse que donne Kaedi actuellement. Ceci est d’autant plus vrai que la ville ne cesse de s’étendre et c’est une extension qui laisse en rade des soucis de sécurité.
En effet, depuis quelques années, des cas de braquages et de vols se sont multipliés à Kaedi pendant la saison des grandes chaleurs. Les habitants ont l’habitude de dormir dehors et les filous n’ont qu’à se faufiler dans l’obscurité pour dérober des biens. Il est grand temps que l’on se réveille et que l’on décide de mettre sur pied une réelle stratégie de développement des villes de l’intérieur. On peut comprendre que l’on soit réticent à électrifier des habitats ruraux même si cela paraît arbitraire, mais qu’est ce que cela coûte de réhabiliter un réseau déjà existant depuis des lustres ?
Biri Ndiaye
28/06/2007
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